Mis à jour le 8 juillet 2024 par MeriemDraman
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Entrer à Sciences Po Paris, c’est le vœu de plus de 100 000 élèves chaque année. Pourtant, les places sont rares : seuls 1200 seront admis sur les différents campus de Sciences Po Paris.
Contrairement aux idées reçues sur Sciences Po Paris, on n’y apprend pas que les sciences politiques, mais aussi le droit, les langues, la philosophie, la sociologie, etc. Ce cursus riche et pluridisciplinaire encourage l’ouverture sur le monde, la culture générale et forme les stratèges de demain.
Pour nous aiguiller sur la réussite du concours d’entrée, j’ai interviewé Georges. Il habite (enfin, “habitait !”) au Pérou et a accepté de nous parler de son parcours, de sa préparation pour entrer à Sciences Po Paris et de l’oral qu’il a dû passer… et qu’il a réussi !
Présentation de Georges, ancien lycéen franco-mexicain admis à Sciences Po Paris
Peux-tu nous dire qui tu es ?
Je m’appelle Georges Collemiche, j’ai 19 ans. Je suis franco-mexicain et j’ai eu mon bac au lycée franco-péruvien.
Tu as été scolarisé à Lima ?
Jusqu’à mes 14 ans, j’étais au lycée franco-mexicain (jusqu’en 4e). Ensuite, nous avons dû déménager vers le Pérou et j’ai alors changé d’établissement pour aller au lycée français de Lima.
Comment ça se passe du côté de tes parents ? L’un d’eux est-il français ? As-tu des frères et sœurs ?
Mon père est français, ma mère est mexicaine. J’ai un petit frère de 16 ans.
Pourquoi Georges a décidé d’intégrer Sciences Po Paris ?
Quelles étaient tes spécialités en première et en terminale ?
En première, j’avais les spécialités d’histoire-géographie, géopolitique & sciences politiques, sciences économiques & sociales et mathématiques. Pour la terminale, j’ai laissé les maths que j’ai suivies en maths complémentaires.
Est-ce que Sciences Po Paris était ton objectif numéro 1 ?
Oui, depuis la troisième. C’était mon objectif final pour mes études supérieures : arriver à Sciences Po. Je vais finalement intégrer le campus de Reims.
Pourquoi, dès la 3e, tu avais cet objectif en tête ?
La méthodologie de Sciences Po s’adapte bien à ce que je veux apprendre. C’est un cursus pluridisciplinaire où je peux étudier la politique, la science économique et sociale et continuer à faire des maths, ce que je n’aurais pas pu faire avec une licence littéraire par exemple. Il aurait aussi fallu que je mette de côté cette matière si j’avais pris la licence Sciences politiques à l’université Paris 2 (à Assas).
C’est pour ça que je voulais aller à Sciences Po Paris : il y a tout ce que je cherche dans une université post-bac.
Ton environnement familial, tes enseignants t’avaient déjà mis cet objectif en tête ? Ou c’est toi-même qui t’es intéressé à ces études ?
J’ai un ami qui vient de rentrer en troisième année à Sciences Po Paris, au campus de Poitiers. Il m’avait dit que c’était une très bonne université. J’ai fait mes recherches et j’ai vu que ça correspondait exactement à ce que je voulais faire après le bac. C’est grâce à lui que j’ai décidé d’intégrer Sciences Po.
Dans ta famille, y a-t-il des personnes qui travaillent déjà dans ce monde-là ?
Ma mère est dans la politique depuis longtemps. Je crois qu’elle m’a un peu influencé. Pendant la pandémie, j’ai découvert que j’aimais beaucoup cette sphère politique. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser plus à ces sujets.
Au lycée, quelles étaient les habitudes de travail de George pour réussir à entrer à Sciences Po Paris ?
Quel est ton profil d’élève, de lycéen ? Comment travailles-tu ? Comment révises-tu ?
Ça dépend beaucoup des matières. Par exemple, pour les maths, je bosse beaucoup, car ce n’est pas une matière très simple pour moi. Mais j’arrivais à me débrouiller assez bien pendant la première et la terminale.
La philosophie est la matière la plus difficile que j’ai eu : je l’ai énormément travaillée en terminale. J’ai terminé l’année avec une moyenne de 16,2, ce qui m’a permis d’avoir une assez-bonne note à mon bac de philosophie.
Pour les spécialités d’histoire-géographie, géopolitique & sciences politiques et de sciences économiques & sociales, c’étaient des matières faciles. Il suffisait seulement que je sois présent dans la classe et que je participe pour apprendre. Pour mieux réviser, j’étudiais avec mes amis.
Est-ce que tu es le seul du lycée de Lima à avoir été admis à Sciences Po ?
Deux de mes amis avaient postulé aussi, mais j’ai été le seul à être accepté à Sciences Po.
Comment t’es-tu entraîné pour réussir ce concours très sélectif et intégrer Sciences Po Paris ? Seul ou à l’aide d’une prépa privée ?
Au début, j’ai considéré l’idée de payer une prépa privée, mais je trouvais que ça représentait vraiment une somme d’argent importante. J’ai préféré me préparer seul. J’ai obtenu de l’aide via SOS Sciences Po. C’est une association d’étudiants de Sciences Po Paris qui propose du mentorat aux élèves qui postulent.
Comment se passe le concours pour entrer à Sciences Po Paris ?
Peux-tu nous décrire les différentes étapes de l’oral ? Comment ça se passe un oral à Sciences Po Paris ?
Tout d’abord, on doit se présenter au jury (pendant 2 minutes 30) : lycée, âge, nationalité, les spécialités qu’on a prises et pourquoi on veut entrer à Sciences Po.
Puis, on passe directement à l’analyse d’image. On nous en propose deux et on doit en choisir une.
Personnellement, j’ai eu droit à une photo d’enfants mexicains avec des fusils comme jouets. C’est quelque chose qui tombait à pic pour moi, car je suis mexicain, j’ai donc pu parler de mon pays. La deuxième image était un portrait de Louis XV dans un salon.
Ensuite viennent les questions. J’avais étudié toute l’histoire de Sciences Po, j’étais au courant de l’actualité de presque tous les continents du monde. Mais je n’ai pas eu de questions de connaissances. Ça portait juste sur moi, mes motivations pour intégrer Sciences Po. Je pense que pour cette partie, ça dépend de chaque jury : certains jurys sont très bienveillants, d’autres nous poussent un peu plus pour nous faire argumenter sur ce qu’on veut devenir.
Le jury était constitué de combien de personnes ?
De deux personnes : un chercheur du campus de Nancy et une membre de la Fondation nationale des sciences politiques qui participe à l’organisation de Sciences Po.
Comment te sentais-tu quand tu es sorti de cet oral ? Tu y croyais ou pas ?
Au début, je croyais que j’avais été très bon pendant cet oral. Je pensais que j’allais être pris. Mais au fil des jours, j’analysais tout ce que j’avais dit : “j’aurais pu faire mieux dans cette partie ou dans celle-là”.
Je préférais ne pas me répéter que j’allais être pris à Sciences Po pour ne pas avoir de faux espoirs. De toute façon, si j’étais pris dans une autre université, ça m’allait aussi : j’aurais repostulé en master.
Finalement, j’ai été pris.
Quel a été ton petit plus ? Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi lors de cet oral ?
La biculturalité est un vrai plus.
Pour ma part, être mexicain et français, ça m’a vraiment aidé : j’ai pu parler de nombreux thèmes différents, mais aussi du Pérou où j’ai vécu 5 ans. L’ouverture internationale, avoir beaucoup voyagé fait la différence.
L’aisance à l’oral devant le jury aide également. On peut même faire preuve d’humour s’il n’est pas trop strict, s’il est ouvert. Le rire, c’est quelque chose qui peut nous permettre de nous démarquer des autres étudiants. Ça montre qu’on n’est pas un robot en train de réciter un texte appris par cœur, mais qu’on a une personnalité qui peut s’adapter aux contraintes.
Est-ce que tu t’étais beaucoup entraîné à l’analyse d’image ?
Oui, j’ai fait plusieurs oraux blancs avec un ami, presque tous les jours pendant deux semaines. Ensuite, j’ai fait 4 oraux blancs avec des élèves de Sciences Po, ce qui m’a beaucoup aidé.
La partie qu’il faut préparer le plus, ce n’est pas l’analyse d’image, car c’est aléatoire, mais la présentation. C’est sur cette dernière que le jury s’appuie pour poser des questions, donc il faut se concentrer dessus.
Si tu n’avais pas eu Sciences Po Paris, quels étaient tes plans B et tes plans C ?
Mon plan B, c’était la double licence sciences politiques & économie à la Sorbonne, puis la licence sciences politiques, à la Sorbonne aussi. Et enfin d’autres cursus similaires : j’ai été pris à l’université Paris-Panthéon-Assas par exemple, à Lille, à Poitiers, à Dauphine pour
une formation pluridisciplinaire (LSO – licence sciences des organisations).
As-tu été reçu au concours des IEP (institut d’études politiques) ?
Je ne voulais pas les faire : je venais déjà de travailler beaucoup pour mon bac. J’aurais dû me déplacer hors de mon pays pour venir passer les épreuves, car j’étais à ce moment-là au Mexique. Ça n’en valait pas la peine. C’était une grosse somme d’argent (avion, hôtel, etc.) et j’aurais dû me remettre à étudier pour les épreuves en mai, alors que j’ai eu mon bac en novembre.
As-tu des lectures, des sources d’information à conseiller à ceux qui aimeraient, comme toi, entrer à Sciences Po Paris ?
Je ne lis pas beaucoup de livres, mais j’ai découvert de nombreux textes de philosophie, et notamment de philosophie politique. Karl Marx, Thomas Hobbes, etc.
Par contre, je suis très au courant de l’actualité et c’est une des choses les plus importantes à Sciences Po. Au Mexique, je lis El Universal, Reforma. Au Pérou, El Comercio. Aux États-Unis, le Washington Post, le New York Times. En France, Le Figaro. On peut aussi écouter des podcasts, comme France 24.
Les textes théoriques (Freud, Machiavel…) peuvent apporter des connaissances supplémentaires à utiliser lors de l’oral. C’est quelque chose que le jury va apprécier. Mais être au courant de l’actualité est encore plus important.
Penses-tu que tu as beaucoup de culture générale ? Ou est-ce que c’est plutôt avoir ses propres opinions qui compte le plus ?
Il faut un mélange des deux. Si on a une opinion qu’on veut mettre en avant, il faut des arguments pour la défendre, donc connaître des sources. Lire beaucoup l’actualité permet déjà de justifier une grande partie de ce qu’on dit.
Sincèrement, je ne faisais pas de fiches sur ce que j’apprenais. J’appréhendais très bien les informations que je lisais, car ça m’intéressait. Mais si ce n’est pas un point fort, faire des fiches est une bonne idée pour retenir les choses importantes au moment de l’oral.
Quel serait ton rêve après Sciences Po ? Ton objectif professionnel ?
Je voudrais travailler dans la politique de mon pays pour améliorer la situation et revenir à Mexico. Mais ça ne va pas me limiter pour mes études : peut-être que je finirais dans un autre domaine de travail ? Peut-être que ça évoluera au fil de mes années à Sciences Po ?
Un dernier conseil de mindset pour les futurs postulants à Sciences Po ?
Commencez dès maintenant à vous visualiser à Sciences Po, contactez des élèves qui y étudient déjà. Il faut analyser les attendus pour le concours afin d’être 100 % prêt au moment de déposer votre dossier.
Quelle a été ta réaction à l’annonce de ton admission à Sciences Po ?
J’ai d’abord vu la réponse sur Parcoursup. Je croyais être sur liste d’attente, “122 sur 199”, mais cela signifiait en réalité que j’étais 122e sur 199 admis ! C’est difficile à réaliser. Je pars m’installer en France la semaine prochaine (juin 2022).
Entrer à Sciences Po n’est pas un travail qui se prépare au dernier moment. C’est un long processus de travail, d’approfondissement et de réflexion qui débute dès la 3e ou la seconde. Seulement 10 % des lycéens qui ont candidaté sont admis !
Vous souhaitez vous préparer au mieux, recevoir des conseils personnalisés et trouver un plan B adapté ? Faites appel à un conseiller en orientation scolaire.
Pour regarder la vidéo de l’interview, cliquez ici.
Autres témoignages d’élèves :
- Pour lire l’interview de Ruben, président de l’association « Les lycéens », cliquez ici.
- Pour lire l’interview de Nina, déterminée à intégrer Sciences Po, cliquez ici.
Oscar Breteuil dit
Bonjour,
Il y avait 14.000 candidats à Sciences Po Paris en 2021 selon Sciences Po Paris.
Je ne comprends pas le chiffre de 100.000 que vous annoncez. Il comprend tous les IEP ?
MeriemDraman dit
Bonsoir Oscar, 100.000 est le nombre de candidatures reçues au total.